Le Président de la République, lors de ses vœux à la presse, a remis au cœur du débat public la question de la régulation des plates-formes numériques, au regard des contenus diffusés, notamment les « fausses informations ».
Les Ceméa ont toujours affirmé que la seule auto-régulation des entreprises ne suffisait pas. Les États et l’Union européenne doivent renforcer la régulation publique ou adapter les lois existantes aux nouveaux contextes industriels. Tel est l’enjeu de la nouvelle directive Service médias audiovisuels et de sa transposition en France. La responsabilité en tant qu’éditeurs des plates-formes numériques doit être posée, pour que puisse leur être opposée, sans contournement possible, la législation liée aux éditeurs de presse. Cette action de l’État doit se faire en association avec la société civile, ainsi les associations et ONG pourront porter le point de vue des usagers à travers une corégulation citoyenne.
Ce dialogue doit pouvoir se renforcer aussi entre les médias et leurs usagers, pour défendre la qualité de l’information et la déontologie dans les pratiques médiatiques. Il est nécessaire de soutenir le travail journalistique, la présence des médiateurs et la confiance des citoyens dans les journalistes, pour valoriser leurs différences, par rapport à tous ces sites qui ne sont pas des lieux d’information au service de la démocratie, mais des « pièges à clics ». Il est temps également de favoriser le développement d’un débat sérieux et régulier sur les manquements à la déontologie journalistique à travers la construction d’un conseil de presse tripartite, éditeurs, journalistes et citoyens. Mais au-delà de cette approche mettant en œuvre divers niveaux de régulation, les Ceméa souhaitent rappeler l’enjeu incontournable d’une éducation aux médias et à l’information. Elle doit porter une dimension d’analyse, de critique, d’investigation et ne pas se réduire à l’apprentissage d’habiletés techniques sur des applications dont l’obsolescence est programmée. C’est dans son creuset que doit se former la capacité de jugement de chacune et chacun, tout au long de la vie, et dès le plus jeune âge. Cette éducation est une prévention à toute forme d’obscurantisme, elle seule permet de distinguer les savoirs des croyances et de porter cette désintrication permanente du savoir et du croire dans la formation du citoyen. C’est une exigence fondamentale pour notre société de l’information et du numérique, qui passe par la confrontation des sources, l’expérimentation, la démonstration à l’opposé de l’attractivité qui surdétermine les réponses des moteurs de recherche.
Christian Gautellier, directeur de la publication