Les centres de vacances et de loisirs sont des lieux d’expérimentation pédagogique. Ils participent de la recherche pédagogique, ils alimentent les débats autour des enfants, des jeunes, de leur place dans la société, de leurs rôles, de leurs responsabilités. Il serait vain d’essayer de le nier ou de le négliger comme il serait vain d’ailleurs de limiter cette ambition pédagogique au seul territoire français.

Cet été encore, des milliers d’enfants et de jeunes ont vécu des vacances dont on souhaite qu’elles aient été inoubliables. Elles ont été éducatives parce que ludiques et collectives. Elles ont pour beaucoup d’entre elles participé à une éducation à la citoyenneté, à la démocratie. Elles ont permis pour beaucoup de vivre une « quotidienneté sereine » que n’apporte pas toujours, justement, le quotidien d’une grande partie de l’année.
Faisons simplement en sorte que cela perdure, voire se développe.

L’environnement, on en parle beaucoup. On en fait des sommets internationaux, on en glose dans toutes les revues sérieuses. On en triche beaucoup aussi. On ne peut ignorer que les enjeux sont bien plus larges, mais on peut faire comme si on ignorait.
« On » est indéfini…..
Les Cahiers de l’animation se penchent sur comment adapter les enjeux de l’environnement, de l’éducation relative à l’environnement, dans la mise en œuvre concrète des vacances et des loisirs collectifs.
Patiemment. Concrètement. Dans l’agir.

Vacances pour tous, accès aux vacances pour le plus grand nombre, brassage social… Mais aujourd’hui, les structures collectives de vacances et de loisirs sont ouvertes à qui ? Comment évoluent les publics accueillis ? Quelles évolutions sont-elles souhaitables pour que les centres de vacances et de loisirs s’adaptent aux jeunes et aux enfants.
Et encore, les retraités n’auraient ils pas droit à des vacances de qualité, eux que la société rangent aisément dans la catégorie des « toujours en vacances ». Plus surprenant encore, les gens du voyage lors d’un voyage touristique…

Les centres de vacances et de loisirs ne sont pas, et nous le savons bien, des antres dédiées au jeu, à l’activité physique, au sport. Pas plus qu’ils ne sont des lieux spécialisés d’acquisitions des dernières techniques environnementales, écologiques techniques ou scientifiques.
Si le terme n’était pas tant galvaudé, nous dirions qu’ils sont le lieu du culturel. Au sens le plus noble du terme, au sens de ce qui donne sens à la vie.
Ce numéro des Cahiers est tourné vers ce qu’affirme son titre : OSER LE CULTUREL !

Environ 5 millions d’enfants et de jeunes bénéficient chaque année des structures de vacances et de loisirs collectives. L’été qui se termine a permis à un million d’entre eux de se construire, de se confronter aux autres, de jouer et de découvrir, dans un cadre où leur santé est une préoccupation quotidienne. Les centres de vacances et de loisirs, c’est aussi un espace de construction de l’Europe de demain, et ce n’est pas seulement une question de frontières !

Nombre de jeunes qui ont manifesté ce printemps contre l’extrême droite, le racisme et la xénophobie, pour la République et la démocratie vont se retrouver, cet été, animateurs volontaires de colos et de centres de loisirs. Ils pourront faire vivre aux enfants une laïcité active, des situations de loisirs éducatives à la citoyenneté. Les enfants pourront construire la règle commune, le fonctionnement et ses modalités d’application, la respecter et la faire respecter, l’évaluer et la faire évoluer.

Dans ce numéro, Vincent Chavaroche rappelle qu’il n’y a pas lieu d’inquiéter les parents avec les constats isolés de situations de violence en CVL et qu’il s’agit pour avancer sur cette question en premier lieu de réinterroger les pratiques éducatives.
Michel Hirtz préconise une organisation de la vie quotidienne des enfants en petits groupes de vie autonome et la sociologue Claudine Sutter nous fait part de ses réflexions sur l’adolescent d’aujourd’hui et de ses attentes.
Vous trouverez également dans ce numéro un encart  » fiches photos  » proposé par le groupe d’activité audiovisuelle des Ceméa.

La dimension éducative des centres de vacances et de loisirs a été réaffirmée par une loi en juillet 2001. Désormais, les organisateurs de centres de vacances et de loisirs doivent conforter leur ancrage à des valeurs sociales, de solidarité, d’égalité, de droit au loisir et aux vacances. Ils se doivent de traduire ces conceptions éducatives dans de réels projets éducatifs. Dans ce nouveau cadre, cela demande aux directeurs d’oser affirmer leur conception éducative personnelle au travers d’un projet pédagogique situé en référence au projet éducatif de leur organisateur.

Les séjours de l’été dernier ont témoigné une fois encore de la richesse des pratiques éducatives. Des exigences apportées à l’aménagement de la vie quotidienne jusqu’à l’intervention pour le bon déroulement des activités, en séjour itinérant comme en structure fixe de centre de loisirs, la place de l’animateur s’avère décisive. Diverses situations ont permis la rencontre, la découverte de l’autre, l’enrichissement et l’épanouissement individuel et collectif, l’accès à l’autonomie et la prise de responsabilité.
La formation du Bafa a peut-être besoin d’être réactualisée. Mais cette réactualisation devra éviter tout rapprochement avec les formations à l’animation professionnelle.
Il serait temps de « toiletter » les projets éducatifs, d’en préciser le sens et la durée, comme de dire à quel public ils s’adressent, dans quel cadre social et éducatif, avec quelles intentions de transformation ou d’évolution des personnes.
Des mesures concrètes, doivent être prises pour que tous les enfants quelle que soit la situation économique et le niveau culturel de leurs parents bénéficient d’activités de loisirs de qualité.